Les retombées de l’élection présidentielle de 1995, alors que nous amorcions la reprise des Soirées Urban Soul City, nous obligèrent à faire face à beaucoup d’adversité, et principalement à l’attitude prédatrice des gérants des établissement de débit de boissons, à la recherche du profit rapide et maximum. Ces derniers sont parvenus à corrompre des organisateur·rice·s de soirées et des Djs, en les détournant des valeurs et de l’éthique culturelle qui avaient nourri jusque là, un clubbing parisen de qualité, de bonne camaraderie, et d’ouverture : quand chacun·e mettait son égo en veille pour venir se divertir, et quand la diversité culturelle, derrière les platines, dans la musique, et sur le dancefloor, était fédératrice et qu’il n’y avait nul besoin de discourir pour la défendre. Cette harmonie spontanée a été mise à mal dès lors que sont apparues des formules de soirées élitistes, élaborées par des gérant·e·s avides et certain·e·s organisateur·rice·s manipulé·e·s, qui ont pensé récupérer un filon et gagner plus, en rejetant un public qui dansait trop longtemps pour consommer souvent..., lui préférant un public qui dansait peu et pensait moins s’ennuyer au bar. Les premières victimes en ont été la musique et la danse non-institutionnalisées..., et le public qui s'en divertissait et profitait de ses bienfaits de socialisation.
Ces pratiques de discrimination dans les clubs parisiens ont ensuite largement contribué au repli communautariste dans les banlieues, et ont été un leure de progrès sociale pour les femmes, dont certaines témoignent aujourd’hui avoir perdu l'envie de sortir et le plaisir d'aller danser.
Ces pratiques ont aussi eu comme effet de mettre à l’écart les vrais acteur·trice·s culturel·elle·s du clubbing parisien qu’avaient été jusque là tous·tes celleux qui comptaient parmi les organisateur·rice·s de soirées indépendant·e·s ; celleux qui n’avaient pas comme premier objectif de faire consommer à tout prix de l’alcool à leurs convives, et qui se comportaient concrètement en véritables entrepreneur·euse·s d’une culture vivante.
Tout cela s’est passé, sans que les instances culturelles de l’état n’y fasse aucun arbitrage, ou ne prête même attention à ce hold up culturel qui enferme les français·e·s, un peu plus chaque jour, dans la confusion de valeurs et l'arbitraire.... Cette situation a probablement contribué à l’émergence de phénomènes sociaux à la périphérie des grandes villes; tels que les “rave party”, les ”bandes zoulous”, et plus tard le “gangsta rap” de banlieue, avec les dérives que l’on sait : abus d’alcool, de drogues, sexisme, racisme, conflit intergénérationnel, augmentation des incivilités et des violences urbaines, révolte des banlieues en 2006....
Il faut encore être capable de résilience et de détermination pour poursuivre l'aventure des Soirées Urban Soul City, et à ce propos, Thierry (Dj Sonora) et moi même, Frantz (MC Tippa-Xtra), remercions toutes les personnes qui ont permis aux Soirées Urban Soul City de renouer un avec le succès dans des temps difficiles, et à la faveur de la création récente (année 2023) du Collectif MIX IN MOTION..., les associons à cette pensée : le meilleure reste à construire. À ce jour; nous restons déterminés, et sommes convaincus un que l'interculturalisme (derrière les platines, dans la musique, et sur le dancefloor...) est un vecteur indéniable de sens social et civique....